Libre-penseurs

Les Unitariens croient d'abord et avant tout à la liberté dans la recherche de la vérité. Il n'est pas nécessaire d'embaumer la vérité pour la conserver à l'intention de la postérité.

Nous revendiquons vigoureusement le droit de savoir, de parler et de discuter librement, selon notre conscience, au sein de notre propre église et de la société en général. Nous nous opposons à la censure pratiquée en général. Nous nous opposons à la censure pratiquée par une église, par l'État ou par quelque autre institution. Nous croyons que la vérité se manifeste plus clairement dans un contexte de liberté.

La vérité avec un "v" minuscule

Nous croyons fermement à la vérité avec un "v" minuscule. Nous affirmons avoir le droit, et même le devoir, d'exercer notre propre jugement. La liberté de croire n'ouvre pas la porte à l'anarchie ou à l'irresponsabilité sur le plan religieux. Elle ne permet pas de prendre ses désirs pour des réalités. Elle offre la possibilité d'une réflexion minutieuse et honnête.

Chacun doit développer sa capacité d'exercer son jugement de manière à pouvoir, comme dit l'apôtre Paul, démontrer toute chose, et s'en tenir à ce qui est bien. Ces pensés ne sont pas confidentielles. Nous estimons qu'il y a lieu de partager ensemble nos convictions et nos croyances personnelles, dans une ambiance de transparence et de respect réciproques.

Nous apprécions la foi et l'intégrité chez quiconque. Nous ne disons pas: Pensez comme il vous plaît mais dites que vous croyez. Nous disons: Pensez comme il se doit, et dites ensuite ce que vous croyez vraiment. C'est en surface que se retrouve la diversité de nos croyances. Chacun d'entre nous a vécu ses propres expériences. Chacun de nous confère aux mots des sens différents.

(Le révérend Charles Eddis)

L’accueil des hérétiques

Jack Mendelsohn l'exprime ainsi: "Je veux me sentir libre de me poser des questions et même de soulever des doutes à propos de l'existence de Dieu, de son essence même, de l'efficacité de la prière, de la valeur de la Bible, de la possibilité d'une vie éternelle tout en restant religieux. Où puis-je trouver une communauté où un doute sincère n'est qualifié d'hérésie et où sont accueillis avec enthousiasme ceux et celles qui seraient ailleurs, considérés comme hérétiques?

Devenir unitarien ne signifie pas substituer une profession de foi à une autre mais ouvrir son esprit pour que toutes les sources susceptibles de nous inspirer puissent nous permettre d'accueillir la vérité tel qu'il nous convient de la concevoir.

Diversité des croyances

Pour illustrer cette diversité d'opinions, considérons la question de Dieu. Parmi les unitariens universalistes, se retrouvent des athées, des agnostiques et des théistes.

La présence active d'athées

"On s'étonnera peut-être de nous voir parler de la présence active d'athées au sein de notre religion. Ces deux termes sont généralement considérés comme antinomiques. Aussi la notion d"athéisme religieux", dont nous nous accommodons fort bien, mérite-t-elle qu'on lui apporte quelques précisions.

S'il est vrai de prétendre que les athées ont en commun le fait de ne pas croire en Dieu, on se doit toutefois de reconnaître que certains d'entre eux sont habités par un véritable sens religieux, qu'ils aspirent à une authentique spiritualité et que des valeurs telles l'amour du prochain, la dignité humaine, la justice sociale, l'élévation morale, et l'épanouissement intellectuel marquent profondément la conduite de leur existence et lui donnent tout son sens. La foi ne se réduit pas à Dieu."

(Alice Blair Wesley)

J’accepte d’être surpris

«Est-ce que ma vie, la vie des générations passées et futures et en fait la vie dans l’ensemble de l’univers ont une raison d’être, un objectif ou une direction? En d’autres mots, allons-nous quelque part? Y a-t-il quelqu’un à la barre? ». Certains répondent par l’affirmative. Selon eux, la raison d’être, l’objectif ou la direction dans la vie vient d’une croyance profonde, d’une rencontre avec Dieu, avec les forces de la vie ou l’énergie créatrice de l’univers. Ils croient que cette force de la conscience fonctionne selon un plan et considèrent que les êtres humains sont importants dans le processus. Dieu vous aime. L’objectif de la vie est de rendre grâce et de remercier cette force pour l’amour qu’elle nous offre.

Personnellement, je n’ai pas fait l’expérience de ce Dieu ou de cette conscience qui surveille les mouvements de l’univers et je n’y crois pas. Je ne vois pas à quoi ce genre de croyance me servirait dans la vie et je ne vis pas en fonction d’une telle relation basée sur cette façon d’être ou cette force. Je suis pour le moins libéral en matière de religion et à ce titre, j’essaie de garder l’esprit ouvert sur tous les sujets. J’accepte d’être surpris ou non.

D’autres, qui ne croient pas en la force de la vie personnelle, trouvent un sens à la vie dans la croyance que la conscience individuelle survit au décès du corps physique. Pour eux, le « je » qui, je crois, signifie « moi » se débarrasse du corps et revit dans d’autres corps indéfiniment. L’âme ou le moi est immortel. Personnellement, je suis agnostique en ce qui concerne cette croyance. Mais même si je n’y compte pas, je peux respecter ceux qui y croient, et encore une fois, à titre religieux libéral, je veux garder l’esprit ouvert à cette possibilité. J’accepte d’être surpris.

( L'ancien pasteur de l'Église unitarienne de Montréal, le révérend Raymond Drennan, dans une homélie intitulée "La vie a-t-elle un sens?")

Principe cohérent et rationnel au sein de la vie et de l'univers

Je trouve aussi qu'il est difficile de croire en Dieu puisqu'on ne peut éviter sincèrement de croire en Lui mais qu'il est difficile de le faire comme il se doit. Pour ce qui est des dieux, j'estime que ce sont tous des créations humaines, et ne crois nullement à la réalité du surnaturel. Le mot "Dieu" ne signifie donc pas, à mes yeux, l'Être Suprême, une Personne Divine. Il est l'affirmation d'un principe cohérent et rationnel au sein de la vie et de l'univers. Il illustre ma conviction selon laquelle, malgré les tragédies personnelles et l'absence de toute solution définitive, la vie vaut véritablement la peine d'être vécue, et la réalité est au plus haut point valable.

(Arthur Foote, Pasteur émérite, Unity Church, St-Paul, Minnesota)

Dieu est un Verbe

Au moment où je songe à la série de miracles qu'à la légère on appelle la vie, où je vis la permanence de ma propre conscience, d'un "moi" insaisissable qui transcende, semble-t-il, la naissance et la mort des cellules de mon cerveau; au moment où j'envisage la progression irrésistible de l'évolution du cosmos, cette histoire incroyable de la matière inerte ayant donné naissance à des créatures vivantes, sensibles, pensantes, rêveuses… j'ai le sentiment d'une réalité spirituelle qui ne cesse de déferler et de s'accroître. J'estime que nous possédons une conscience collective qui, à chaque instant, s'enrichit et devient plus vibrante, à mesure que l'univers prend conscience de lui-même.

C'est ce phénomène que je nomme Dieu–l'évolution spirituelle du cosmos, le libre flux de la création. Dieu est le déploiement, la potentialité, la nouveauté. Tout n'attend que de devenir un sacrement, déclare le pasteur unitarien universaliste Jacob Trapp.

Il m'est difficile d'employer Dieu comme un substantif lequel doit, selon l'enseignement que j'ai reçu, désigner quelque chose: une personne, un lieu ou une chose. Un substantif doit dénoter, définir, délimiter. Il est de caractère statique, ne convenant nullement à mon sentiment du divin.

À mes yeux, Dieu est un verbe.

(Ann Fields, éducatrice religieuse, ancienne directrice des programmes pour enfants de l'UUA)

L'énergie créatrice du processus cosmique

La religion, lorsqu'elle fige l'expérience par l'exercice de l'autorité, afin de dissimuler des décisions humaines sous le voile de sanctions divines, cause le plus grand tort à l'humanité. Trop souvent, noms et croyances se substituent à l'expérience et aux élans sincères. La réalité que nous avons personnifiée sous la forme de dieux n'existe pas sur des maîtres-autels et dans des textes anciens. Elle est l'éternelle immobilité sous-jacente au changement et à l'énergie créatrice du processus cosmique. Puissions-nous aller au-delà du langage afin de vivre cette réalité.

(Richard A. Kellaway, pasteur, First Unitarian Church, New Bedford, Massachusetts)

L'expérience humaine

Une bonne part de ce que l'on dit de Dieu est confus et dénué de sens, ayant été coupé de son contenu vital… Je décris comme suit les expériences concrètes sur lesquelles se fonde un discours valable au sujet de Dieu… Il faut se rendre compte que la réalité nous impose des impératifs sur le plan moral. Ces impératifs comportent une foule de nuances: la relativité sur le plan historique, le conditionnement social, les mécanismes biologiques de stimulus-réponse, la libido, etc. À la longue, notre conscience exige de rechercher et de dire la vérité, de créer de la beauté, et de rendre justice à autrui dans un esprit de compassion: ce sont là les impératifs naturels de l'existence humaine. Ces impératifs, nous n'en sommes pas les auteurs, nous sommes incapables de les manipuler au-delà d'un certain minimum. Sinon, nous sommes manipulés vers le chaos de la désintégration sur les plans psychologique et social. Ce sont là des réalités.

(Alice Blair Wesley, pasteure unitarienne universaliste, a exercé ses fonctions auprès d'églises au Maryland, au New Jersey et au Texas.)

Notion du Passé

Après des années de recherches, je suis davantage plongé dans une terminologie humaniste pour le domaine de la religion, tout d'abord pour deux raisons. En premier lieu, la notion de Dieu, malgré les ré-interprétations dont elle a fait l'objet, comporte trop d'éléments passéistes. J'estime que le mot Dieu a fait son temps, et qu'il ne vaut plus la peine de le réinterpréter. En second lieu, la notion de Dieu ne peut facilement s'intégrer aux renseignements que nous fournissent constamment les chercheurs et les penseurs actuels. La psychologie, la sociologie, la biologie, l'anthropologie, ce sont là les matières premières à partir desquelles on peut élaborer une religion moderne. Les théologiens se croient tenus de placer la religion sur le lit de Procuste de la notion de Dieu. Je préfère édifier nos croyances à partir des êtres humains et de notre situation sur cette planète, à la lumière des interprétations fournies par des connaissances nouvelles, et non plus sur une théologie formée d'éléments trop périmés pour intégrer pleinement l'état actuel de nos connaissances.

(Paul H. Beattie, ancien pasteur de First Unitarian Church, Pittsburgh, Pennsylvanie)

Dieu est une inspiration

Chacun d'entre nous doit poser ses propres questions, et il appartient à chacun d'aboutir à ses propres notions des réalités suprêmes. Comme le disait Ralph Waldo Emerson, c'est par une porte secrète que Dieu s'introduit dans chaque individu. En vérité, j'estime qu'il est impossible de nier la lutte intérieure incessante qui se poursuit avec mes propres cauchemars, avec mes propres rêves, avec moi-même et avec Dieu. Durant notre parcours, nous devons façonner, à partir des matières brutes et grossières de notre moi et de notre monde, quelque chose de vrai et de significatif. Le long de ce parcours, il faut traverser les sombres espaces qui séparent les étoiles, et les transformer en lumière. Ce parcours nous entraîne dans les profondeurs d'un tourbillon où il faut ouvrir les yeux et tendre les bras, jusqu'à ce que nous ayons acquis le droit d'en revendiquer le centre de gravité. Pour moi, ce parcours, c'est Dieu. Dieu est une inspiration

(Marni Harmony est une pasteure unitarienne universaliste ayant exercé ses fonctions auprès d'églises dans le Maryland, en Pennsylvanie et au Wisconsin.)

Notions de Dieu chez les unitariens universalistes, Doris Hunter, pasteure émérite, First Universalist Society, Rockport, Massachusetts.

La traduction de ces textes a été rendu possible grâce a l'aide financière de la Convention des universalistes de l'État de New-York (New York State Convention of Universalists.

Molly Seaton-Fast